Beaulieu, un soir d’avril, gris, venteux, pluvieux… Pas l’idée que l’on se fait d’une virée en Méditerranée, quand bien même, Niçois, on sait à quoi cela peut ressembler parfois …. Mais j’étais préparé, ayant annulé en dernière minute un stage de voile intensif en Bretagne, dont je ne m’attendais pas à ce qu’il soit soleil et Dolce Vita ! Antonio, mon « coach de voile » au Club Nautique de Nice m’a convaincu de changer d’avis en dernière minute et ayant plaisir à naviguer avec lui, je me suis laissé tenter, pour ce qui devait être une semaine de voile à destination de Rome.
Nous sommes partis le 7 avril après midi, avec un temps de chien pour une traversée de nuit à destination de Capraia. Houle persistante, ciel menaçant, avec un vent annoncé de 6 à 7. Avançant rapidement, nous nous sommes organisés pour une première navigation de nuit. A peine amariné, un mal de mer latent s’est emparé de moi, et je suis vite devenu inconditionnel de l’extérieur, intimement convaincu de ne plus avoir une seule raison valable de rentrer dans la cabine…
Petit à petit le soir est tombé, tandis que la magie de cette première nuit en mer nous enveloppait de son humidité et de sa fraicheur… Prenant mon premier quart vers 2 :00 du matin, je suis descendu en un temps records m’affaler dans la cabine sans prendre le temps de me défaire de quoi que ce soit. 2 :00 du matin sont tombés, et la fraicheur de la nuit m’a rappelé à ma responsabilité de barreur.
Lars et Antonio, formant une équipe aguerrie, ayant précédemment navigué ensemble en Atlantique, je me devais de leur éviter un naufrage inopiné, alors qu’ils s’en remettaient à moi !
Conditions intenses que cette Méditerranée de nuit, houle et vent forcissant à l’approche du jour et du cap Corse, pour atteindre des pointes de 45 nœuds… ! Cet Océanis s’est avéré bien équipé, fiable, et sécurisant pour affronter des conditions solides de navigation.
En fin de matinée, Capraia s’est dessinée à l’horizon, et le port sous le vent de l’autre côté de l’Ile nous a offert un accueil paisible et chaleureux, malgré une faible température et un ciel voilé.
Dès le lendemain, notre voyage a repris, pour Elbe – magnifique, Pianosa, ancien bagne solitaire, dont le port d’un charme magique et désuet et les eaux peu profondes nous ont été refusés par un gardien vociférant depuis « sa » forteresse, Montecristo, aperçue de loin, mais trop compte tenu de vents peu propices, Giglio, dont le Costa Concordia approché de très près avec tous les risques de naufrage que cela comporte, fait aujourd’hui le bonheur des marchands de ferraille, puis quelques Ports dont Porto Ercole, où deux jours auparavant, Poutine nous avait précédé sans avoir été mis au courant que nous arrivions !
Notre voyage s’est momentanément interrompu à Rome, le temps de quitter Sylvie et attendre Renate et Jorg devant arriver deux jours plus tard. Redécouvrir Rome à partir d’une escale marine à son charme ! Et à raison de plus emmené par Antonio, dont la culture napolitaine ne s’en laisse pas remontrer par les romains !
Totalement conquis par l’aventure, les conditions météo embellissantes, la cuisine sublime d’Antonio, et l’amitié partagée entre nous, j’ai décidé que ma priorité était de poursuivre le voyage vers Naples ! Nous sommes repartis pour de nouvelles iles, plus envoutantes les unes que les autres, Palmarola, Ponza, Ventotene, pour terminer en apothéose ! Je dois ici confesser que lors de ma dernière nuit de navigation, partageant mon quart avec Lars, j’ai sournoisement oublié de réveiller qui que ce soit, tant la navigation était devenue plaisante… De plaisante, elle est devenue magique…. Feu d’artifice de phosphorescence dans notre sillage, dû aux méduses irradiant la nuit de lumière, tandis que dans notre étrave, deux dauphins, ont décidés de nous ouvrir la voie vers Ischia comme deux motards imperturbables précédant un cortège ! Au loin devant Ischia, se dessine le Vésuve, entouré de lueurs de feux, émanant des éclairages urbains, et plus loin encore Capri. Lars et moi avons vécu cette nuit comme la plus magique des quarts de navigation…. Un moment de Méditerranée extraordinaire venant se faire pardonner ce qu’elle nous a fait subir durant nos premières heures ! J’ai quitté l’équipe à Procida, l’une des plus belles iles découvertes au cours de ce périple… avec une seule envie… Retrouver Happy Days et mes compagnons de routes dès la fin de l’été. Un grand merci à Lars pour ce merveilleux voyage et à Antonio pour m’avoir fait changer d’idée en dernière minute !